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Pieds poudrés / pye poudre - Stéphane Martelly répond à Barbara Prézeau

A Montréal, où j'ai brièvement séjourné, j'ai été accueillie par Stéphane Martelly, artiste, poétesse, chercheuse, également maman d'un ravissant petit garçon. Elle a accepté de répondre à mes questions.



Moi

Stéphane Martelly - © Yasmina Saad
Stéphane Martelly - © Yasmina Saad
« Si je pouvais répondre à cette question, je n’aurais pas besoin de créer, ni de penser.

J’ai été déjà appelée un être polymorphe, un abysse insondable, un freak, une personne difficile et insupportable, voire un "sujet opaque". Ce n’étaient pas toujours des compliments … »

Montréal, septembre 2009


>>> Quelques photos

Ma recherche

Je fais sérieusement de la recherche depuis maintenant un certain temps, dans le cadre institutionnel de l’Université et aussi à l’extérieur de ce cadre. Mon travail a porté d’abord sur des questions de représentation, puis sur l’hermétisme ou mieux l’opacité du grand poète Magloire-Saint-Aude. Aujourd’hui, je travaille sur la folie et le féminin dans des œuvres de la littérature haïtienne contemporaine. Avec le recul, je m’aperçois que c’est somme toute la marginalité qui m’intéresse. C’est vraiment le fil conducteur de mes travaux et de mes inquiétudes théoriques. Ma pensée se précise et s’opacifie à ce niveau, et ce qui est plus intéressant, ma pratique artistique, tant au niveau de la peinture qu’au niveau de l’écriture, vient contaminer aujourd’hui ces réflexions théoriques. Comme j’enseigne depuis quelque temps la création à l’université, ces ateliers représentent vraiment pour moi une occasion d’accompagner de jeunes écrivains et de me poser sur le vif toutes ces questions.

Qu’est-ce que cela va bien pouvoir donner ? Et comment vivre cette soudaine et parfois envahissante convergence ? On verra bien …

Mon écriture créatrice

Elle consiste principalement de poésie. C’est toujours de poésie qu’il s’agit, même dans mes courts textes narratifs pour enfants. Ma langue et ma manière sont poétiques dans la mesure où je cherche toujours à creuser toujours dans le langage de nouvelles brèches, pour tenter de surmonter par l’invention cette immense discordance entre les mots et les choses.

L’écriture à la première personne, ou en tous les cas d’inscription d’une subjectivité "ouverte" dans mes textes est devenue pour moi un enjeu très important. Dans un environnement littéraire où on a plutôt l’habitude de parler au nous, ou tout au moins à un " je" plus historique, plus collectif, plus socialisé, je veux prendre le risque d’un je, parfois intime, mais qui, essentiellement, toujours se tient tout seul, et ose sa singularité. Ces états poétiques où les événements évoqués ne sont pas forcément biographiques, c’est cependant toujours intimement que je les ai vécus et c’est subjectivement et personnellement que je veux les écrire.

Mes derniers livres, La Boîte noire / Départs jouent beaucoup sur cette question. Ces "je" que tu as lus dans ce livre – surtout dans Départs - sont tous intimes et différents.

Ce souci de produire une écriture directe, pour ainsi dire, sans trop "d’effets" (tout en étant très travaillée), très subjective est primordial pour moi. C’est en effet dans l’inébranlable sentiment d’une non appartenance, d’une extériorité profonde, d’une marginalité que je fais de la poésie.

C’est pour toutes ces raisons que mon "je" est celui de la distance.

Ma peinture

Ma peinture a été longtemps mon continent noir, dans la mesure où elle apparaissait quand justement l’écriture me faisait défaut. Elle venait combler un manque et prendre le relais dans un territoire où il n’y avait pas de mots. En ce sens, ma peinture est peut-être primitive, dans le sens psychanalytique du terme.

C’est la matière avant tout qui m’intéresse : les textures, les reliefs et les surfaces. La couleur, la lumière viennent en même temps, mais essentiellement pour soutenir ce travail de la matière. Par l’écriture j’aborde souvent des abstractions, je cherche dans ma peinture littéralement quelque chose qui pourrait être saisi, empoigné, quelque chose de brutal. En même temps, je suis beaucoup dans les affects troubles, l’émotion, le non-maîtrisé. Je cherche au fond quelque chose de tangible et de mouvant, capable de porter toute la violence du conflit et de l’émotion.

Voir aussi sur Stéphane Martelly la page de Île en Île

Vendredi 4 Septembre 2009
Barbara PREZEAU STEPHENSON
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